NAVARRA Espagne 29 mai
Les bronzés font Navarra …
Bérézina ibérique…
Quatre des six sociétaires du Team avaient fait le long déplacement de Navarra, troisième étape du Championnat de France VMA, le clan Régnier ayant fait l’impasse pour raisons personnelles…
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la course espagnole n’a rien eu d’un long fleuve tranquille.
Horreur et malheurs ibériques : serrage et chute pour Bob, casse moteur pour Hub, serrage plus grosse frayeur pour Ludo... n'en jetez plus, la cour est pleine... sauf pour Patrick, vainqueur en 350 classic !
CLASSIC 350
Patrick Tran-Duc / Kawasaki 350 numéro 95 / Classic 350
Des courses de rêve…
L’arrivée, après un trajet interminable et des grimpettes gravies en seconde (j’amène trois motos dont l’Aprilia de Ludo), sur ce circuit nouveau pour moi (il est sorti de terre en 2010 et je n’y ai jamais posé les pneus) débute en beauté avec une jeune Espagnole installée dans sa guérite qui m’indique avec le sourire la marche à suivre pour m’installer sur un paddock de plus de 4 hectares : en fait, on se met où on veut. De toute évidence, ici, c’est cool.
Bob qui en a terminé avec ses galères Blablacar (on finance son voyage comme on peut) arrive sur le site alors que je suis en train de baliser le terrain à l’aide de banderoles, Hub et Ludo arriveront plus tard de Toulouse où Ludo atterrira demain matin, ou plutôt son aéroplane.
Dès les premiers tours des essais libres du vendredi, je me félicite d’avoir pris deux séances : je ne sais plus où j’habite et j’accumule les bourdes, tant le tracé s’avère technique ! Passablement découragé, je m’évertue à essayer de comprendre les trajectoires d’un tracé rapide qui comporte pas moins de 15 virages, dont certains aveugles ou en dévers…
Deux séries d’essais chronos sont proposées, la première se déroule sans encombre pour moi et je me retrouve avec le deuxième temps derrière Thierry Muller et sa Honda aussi je décide de ne pas participer à la deuxième séance afin d’économiser le matériel : la ligne droite des stands qui mesure 800 mètres parait bien longue à mon petit moteur qui couine à faire pitié !
Première manche le samedi, il pleut, comme prévu. Avant de partir, j’interroge -grosse erreur- des pilotes qui ont roulé sur la piste mouillée afin de connaître leur sentiment sur le grip et leurs conclusions ne sont pas pour me rassurer, aussi je décide de rouler façon épicier afin de ne pas me mettre par terre. D’habitude plutôt à l’aise sur le mouillé, je me sens dans mes petits souliers à Navarra.
Au bout d’un demi tour, j’aperçois Thierry Muller au bord de la piste, j’apprendrai plus tard qu’il a cassé le moteur de sa belle Honda. Bon, je vais faire deux, ce n’est pas si mal, vu le contexte humide, Fabrice Ricroch est parti devant comme un pet sur une toile cirée, je ne le vois même plus.
En fait non, il a cassé le vilo de sa Suzuki à un tour de la fin ! Comme quoi le malheur des uns… je suis premier 350, pas très fier de moi, j’ai roulé comme une petite vieille, mais ne boudons pas notre plaisir !
Dimanche à 9 heures, nous effectuons un warm-up (obligatoire) de dix minutes, une initiative appréciée qui a pour effet bénéfique de nous mettre dans le rythme pour la seconde manche.
Comme lors de la première manche, j’effectue un très bon départ et chaud comme la braise, je parviens à dépasser rapidement Fabrice dont le moteur de secours fonctionne, comme c’est souvent le cas en VMA, moins bien que celui de course et surtout que mon FGMS tuned. Je m’accroche durant plusieurs tours à la grosse bécane noire de Sergio, gardant un essaim de 750 dans le collimateur, avant de lâcher prise suite à l’escalade involontaire d’un vibreur qui m’occasionne un furieux guidonnage et calme mes ardeurs.
Mais alors qu’un tour reste à boucler, une intuition, un pressentiment plutôt, m’incite à jeter un coup d’œil derrière moi, malgré ma raideur…du cou chronique.
Crotte de bique, Fabrice Ricroch est en train de fondre sur moi comme l’aigle sur la vieille buse !
Je décide de remettre une pelletée de charbon et je passe l’arrivée de peu devant la Suzuki jaune. Et de deux, me v’la en tête des Classic 350, en l’absence de la plupart des meneurs habituels, Eric en tête, il est vrai !
Oubliés la longueur du voyage, les grimpettes gravies chauffage à bloc pour limiter la montée en température du Pijo chargé comme une mule, j’ai adoré ce circuit exigeant, la gentillesse et l’efficacité des Espagnols, la qualité des structures du circuit… Si le VMA voulait se targuer de disposer d’un GP, Navarra serait celui là !
Bruno Stahl / Kawa numéro 70 / Classic 350
Un week-end de chien
J’arrive jeudi soir après un long et épique voyage notamment à cause de barrages routiers et de la prise en charge de passagers Blablacar, tous très sympa. Mais ça prend du temps, de déposer les gens ailleurs que dans la pampa ! Surtout la belle Colombienne que j’ai laissée à Pampelune et qui a fortement insisté pour que je la raccompagne jusqu’à chez elle à Saragosse…et elle argumentait bien la bomba Latina, malgré sa méconnaissance quasi totale de la langue française !
Mais revenons à nos motos…
Vendredi, petite séance libre pour se remettre le tracé en mémoire. J’ai adopté une démultiplication plus longue qu’à Croix et je retrouve avec grand plaisir la cassure de la ligne droite à fond de 5…malgré ou à cause des louvoiements !
Vendredi matin : essai chrono, je démarre la moto. Zut, crotte, un carbu pisse le mélange à flots. Démontage puis remontage en urgence, ça ne coule plus mais la moto fonctionne moyen...
Je boucle quelques tours afin de valider un temps, ayant décidé de regagner les stands prématurément quand, au bout de ligne droite, à l'endroit le plus rapide...le moteur serre juste au moment ou je balance dans la cassure !
Impossible de rattraper l’embardée, heureusement que la moto marchait moins fort, mais j’effectue quand même une grosse glissade sur le dos, l’arrière du casque tape le goudron et ça glisse, longtemps, longtemps !
Je me relève sans bobo notable, juste quelques douleurs mais quand je soulève la visière de mon AGV, elle est maculée de sang !
Les secouristes me prennent en charge, rien de grave, juste mes lunettes qui m'ont entaillé le pif.
Il est vrai que j'ai un tarin conséquent ! Pas grand chose en définitive mais je dois quand même expliquer à l'Espagnol que pour mon pouce et son volume, c'est normal, pas besoin de m’évacuer vers l’hôpital !
Bilan de la figure : 1 demi-guidon HS, bocal, poignée de frein, carénage bien râpés, bulle cassée, repose pied tordu, dosseret de selle cassé, pots frottés, sans oublier deux pistons dans le sac et un cylindre un peu marqué ! Sans doute trop de détonation à cause du moteur fortement comprimé.
Donc, je procède à l’échange de l’ensemble cylindres/pistons/culasses par d'autres pièces non préparées... et c'est pendant le démontage que j'apprends que mon transpondeur n'a pas fonctionné et que je n'ai pas été chronométré ! Je dois donc participer à la 2éme séance d’essais pour me qualifier...mais je ne dispose pas d’une moto opérationnelle !
Heureusement Patrick me confie la sienne et s'occupe de coller à la diable mon numéro de course pendant que Mariette fonce négocier en espagnol avec les officiels du circuit ! Un grand merci à eux deux.
Je lâche les outils, renfile la combine et me lance sur la piste avec une superbe moto qui ne m'appartient pas en jurant que je serai sage...De toute façon le sang que je vois sur la visière en partant à vite fait de calmer mes ardeurs !
Je boucle 4 ou 5 tours histoire de me qualifier et rentre au parc, mission accomplie.
La moto de Patrick est agréable au possible, super facile.
Je retourne vite fait à la mécanique...et au bout de quelques heures de taf, malgré mes efforts, la moto ne démarre que sur 2 cylindres au moment du départ de la première course qui se fera donc sans moi.
Dimanche matin pour le warm-up tout semble ok mais je m’aperçois vite que le moteur manque de puissance et surtout, un bruit suspect m’incite à stopper… je jette l’éponge, le week-end est terminé !
Le démontage du moteur dès le mardi révèlera un roulement de tête de bielle out ! La liste des casses s’allonge…
En conclusion, un week-end pénible pour moi à oublier au plus vite, à l’issue d’un si long et coûteux voyage (en prime, j’ai pris un flash sur l’autoroute au retour !) et si jeudi j’avais filé à Saragosse ? C’est beau Saragosse ?
EVOLUTION
Hubert Houssin / Kawa ZXR 400 numéro 6 / Evolution
Un weekend plein d’espoir qui tourne au cauchemar…
L’année passée, pour ma première participation à la course espagnole, j’avais obtenu une première place de manche en 500 Classic au guidon de ma H1, mais une crevaison avant le départ de la seconde course m’avait obligé à prendre mon fidèle Kawa 400 afin d’assurer quelques points.
Cette année, tous les indicateurs étaient au vert : un beau circuit, un ZXR que je commence à maitriser, et bien non ce fut la déroute totale, Waterloo, la retraite de Russie !
Dés la première séance d’essais libres, ma sonde lambda qui doit théoriquement m’indiquer le bon ratio mélange essence/air joue les guirlandes de noël et m’avertis que la carburation est beaucoup trop pauvre, ce qui m’étonne, mais dans le doute, je décide de m’arrêter immédiatement. Un second doute s’installe quand je commence à percevoir nettement un bruit moteur anormal.
Je décide de procéder à une augmentation notable de la richesse (du moteur, pas la mienne, hélas) et je repars pour une seconde série.
Mieux vaut être trop riche que trop pauvre (vous l’aviez compris, je parle toujours de la carburation) me dis-je, avant de constater le même phénomène de cliquetis. Tant pis, on verra bien…
J’attaque de plus en plus fort, dépasse mon ami Ludo qui semble se demander ce qu’il fait là (comme Patrick, il découvre le circuit), mais de retour au paddock, je constate que mon moteur joue de plus en plus des castagnettes. Bien sûr nous sommes en Espagne mais cela m’inquiète fortement.
Premiers essais chrono : je n’ai même pas bouclé un tour de piste que mon moteur n’émet plus un bruit des castagnettes mais celui d’un marteau pilon en folie. C’est le blocage franc et brutal assorti d’un énorme nuage de fumée qui s’échappe du bloc. Je comprends d’un coup d’œil l’étendue du désastre, une bielle a traversé le carter et l’huile chaude se répand dans le bas de carénage. C’est fini !
Les commissaires espagnols sont très efficaces, comme en MotoGP un scooter arrive sur les lieux et me ramène au paddock. Il ne faut pas se démoraliser, j’ai apporté un moteur de secours au cas où, mais il est stock et je ne connais pas l’état du bas moteur. Une course contre la montre débute alors pour changer de moteur.
Comme je n’ai pas effectué les 3 tours obligatoires pour être qualifié, Ludo me prête gentiment sa moto pour faire la 2ème séance chrono. Je découvre alors ce qu’est une Aprilia RS, légère, performante, facile à prendre en main mais qui émet un bruit…en fait pas de bruit du tout par rapport à mon ZXR qui hurle à la mort jusqu’à 15.500 tours et finit parfois par mourir !
Je boucle seulement 3 tours, nécessaires et suffisants pour me qualifier, veillant à ne pas me prendre au jeu au risque de restituer à Ludo son RS pliée en quatre, ce qui aurait fait désordre ! Ma seule satisfaction du weekend, je suis 18ème sur la grille sur 36.
Les essais terminés je me relance dans la mécanique et en 6 heures, le moteur est changé. On démarre la moto avec la fébrilité que l’on imagine et stupéfaction, le second moteur joue également des castagnettes, L’influence culturelle de l’Espagne sans doute !
Je fonce demander son avis à Jean Luc Sornin, spécialiste des Kawa 4 temps, son verdict est sans appel : un coussinet est en train de lâcher.
Sagement, je décide de l’écouter, le weekend est terminé pour moi !
Le bilan s’avère nettement négatif, je suis un peu dépité d’avoir effectué un si long voyage pour rien, mes deux moteurs sont à refaire avant Carole mais point positif, mon ZXR est performant, reste à solutionner des problèmes de fiabilité qui sont principalement dus à mon inexpérience du 4 temps.
Ludovic Ingwiller / Aprilia RS 250 numéro 8 / Evolution
Double zéro pointé…
La mission qui m’était fixée n’était pas des plus faciles…je devais réussir à me rendre à Navarra en faisant transporter ma moto par Patrick, mon matériel par Bob (j’avais décidé de ne pas prendre d’outils pour limiter le bazar à transporter), ma pomme par avion car je bossais jusqu’au jeudi soir ...le tout sur un fond de grève générale et de pénurie de carburant.
Dans ce contexte, que tous arrivent dans des délais décents aux portes du « circuito de Navarra » était déjà un exploit !
Quant à l’objectif, il était des plus clairs : ramener des points car seulement 26 « caballeros » de la catégorie Evo avaient fait le déplacement.
Sur le papier ça devait pouvoir le faire…
Après quelques essais libres pour découvrir ce superbe circuit et sa ligne droite interminable, je me lance pour les chronos sous un soleil radieux et j’arrive à agripper la roue de Thomas sur un demi-tour, ce qui me permet de signer le troisième temps, une grande première pour moi qui laisse augurer une suite heureuse, pensais-je...
A quinze minutes du départ de la manche 1, la piste étant déclarée « wet », je me résigne à monter les pneus pluie.
Hub qui a déclaré forfait pour la course se charge de la roue arrière et moi de l’avant quand il s’exclame : « y a un problème ! »
Et là je me rends compte que je n’ai pas amené l’entretoise de calage de la roue, elle est dans ma caisse à outil qui est restée à la maison. Comme il est trop tard pour faire le tour du paddock afin de tenter d’en dénicher une, je pars avec un pluie devant et un sec derrière. Départ, une première glissade, deuxième tour, un tout droit...je décide alors d’arrêter les frais avant de tout gâcher en me mettant par terre.
Dimanche, l’heure de la revanche a sonné pour moi et je pars le couteau entre les dents. Je me maintiens à la troisième place durant 9 tours quand au bout de la ligne droite, la roue arrière se bloque au moment précis où je rentre la quatre ! Je réalise une superbe figure à haute vitesse mais je parviens à finir sur mes roues, moteur serré.
J’ai donc enregistré deux fois zéro point durant ce week end, quand ca veut pas …
Mais comme d’habitude, malgré les coups durs, l’entraide et l’humour étaient de la fête et rien que ça, ça valait le déplacement !
Et on se console comme on peut…
Les potins du paddock
Enfin l’Espagne après plus de 900 km d’autoroute en jonglant avec la pénurie de carburant, les opérations escargot et autres manifs de blocages. Là on oublie le GPS et vive les vieilles méthodes avec carte, boussole et observation du soleil et de la mousse des arbres pour se sortir des points noirs.
La récompense à l’arrivée, la découverte d’un paddock comme on en rêve. Il fait frisquet, il faut vite arrimer les auvents car l’orage menace.
On découvre avec émerveillement ce ‘Circuito de Navarra’ niché dans un paysage verdoyant, vallonné et nimbé de la lumière métallique d’un superbe couchant.
Tous les signaux étaient au vert pour un week-end plein de promesses.
Certains ayant déclaré forfait au dernier moment, me voici un peu isolée pour gérer la restauration de l’équipe réduite à quatre lascars. Bon on fera avec.
Chacun ayant apporté quelque chose, finalement tout fut facile à orchestrer, même la corvée vaisselle.
Les jours suivants rythmés par les essais, warm up et séries furent, contre toute attente, moins sereins pour certains, contraints à faire face à des épisodes mécaniques imprévus d’où l’atmosphère parfois électrique. Le bruit des moteurs poussés au-delà des limites du raisonnable dans les lignes droites, couvraient à peine les jurons de certains. Le chantier s’étalant sous tente prenait petit à petit l’allure d’un champ de bataille, des outils partout, des chiffons plein de cambouis, de l’huile se répandant sur le goudron en belles flaques irisées créant la sidération des commissaires espagnols de passage.
Certes, chacun a tant bien que mal essayé de s’entre-aider au mieux afin de se donner une chance de courir dans les séries, mais il a fallu se résoudre à accepter la conséquence des serrages et autres déboires en cascade en jetant un fataliste : « c’est la course ! ».
J’ai aimé la gentillesse, l’accueil et la simplicité des espagnols ainsi que la parfaite organisation du circuit, mais comprendre la langue et la parler, ce qui est mon cas, facilite les choses, surtout lorsque l’on doit aider à résoudre un problème pointu de chronométrage.
La communication n’était donc pas trop difficile à établir dans ces conditions avec les officiels du circuit, très à l’écoute, et il ne fait aucun doute qu’un apéritif franco-espagnol samedi soir aurait été le bienvenu et aurait eu pour effet de permettre aux pilotes de se rencontrer autrement qu’au détour d’une épingle ou à l’occasion d’un freinage d’outre-tombe…
Finalement, le soleil et la chaleur alternant avec les épisodes orageux, les chouettes moments autour d’un bon repas et le vin espagnol, ont largement contribué à remonter le moral des troupes et permettre à tout un chacun de commenter avec lyrisme et la dérision qui nous caractérise, les petits et grands soucis du moment.
Mariette